Rewind : Live from the Bataclan (1995) par Jeff Buckley

 Rewind : Live from the Bataclan (1995) par Jeff Buckley

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai toujours cru que les mots étaient mes meilleurs amis pour évoquer les choses de l'art et mes pires ennemis pour évoquer les choses du coeur. Aujourd'hui, quand surgit le besoin de parler de la musique de Jeff Buckley en live, je me rends compte qu'ils ont toujours été mes pires ennemis.


Il y a 5 ou 6 ans j'ai acheté une biographie de Tim et Jeff Buckley. Le livre m'a suivi tout au long de mes récents déménagements mais je ne me suis jamais décidé à le lire. Comme souvent, j'avais l'impression de savoir à l'avance ce que le livre contenait. Je connais assez bien le parcours de Jeff, moins celui de son père et il a fallu donc quelques années avant que n'ouvre le livre, lise une page au hasard puis légèrement intrigué me décide à le lire pour de bon. Je reviendrai peut être sur ce bon bouquin mais là n'est pas la question, le livre c'est le prétexte car en le lisant j'ai réécouté essentiellement les albums de Tim Buckley, confortant d'ailleurs mes premières impressions et comprenant bien mieux la deuxième partie «flottante» de sa carrière mais plus j'écoutais Tim plus j'avais envie d'écouter Jeff. Ce que je fis bien évidemment. Je choisis donc d'écouter ce que j'écoute le moins, le disque avec Gary Lucas, les B sides et sorti tout droit d'un carton à chaussures, le sampler du live au Bataclan (1995). C'est une vraie tragédie grecque qui se joue là. Il reste deux ans à vivre à Jeff Buckley, l'impossibilité presque physique de donner corps à un deuxième album se fait déjà sentir et là bas un fleuve commence déjà a réclamer son dû. Mais entre temps, il y a Jeff Buckley sur scène. Un Jeff Buckley qui n'a pratiquement rien à voir avec le Jeff Buckley en studio. Hormis le lien particulier que Buckley avait avec le public français et qui s'entend très bien ici, l'intérêt de ce E.P. Réside essentiellement dans la version de «The way young lover do» de Van Morrison qui est livrée ici. Et c'est là que les mots me manquent. Buckley avait une façon bien particulière de reprendre certaines chansons, étirant la mélodie autant que possible et ne se refusant aucun détour. En l’occurrence ici le fameux «Ivo» des Cocteau Twins. Ce genre d'élasticité vocale est celle d'un chat projeté en air et qui retombe comme de bien entendu sur ses pattes. C'est quelque chose comme ça un jour et puis lors d'une autre écoute quelque chose de complètement différent. Voilà ce qu'était Jeff Buckley, quelqu'un qui avait besoin de temps, d'un public (?), pour laisser sa musique respirer, virevolter et envoûter; rien, mais alors rien à voir avec la version de «Hallelujah» en studio (aussi réussie soit elle). Il ne me sera sans doute pas donné de vivre à nouveau de semblable miracle musical et c'est sans doute pourquoi j'essaye encore et toujours et en vain d'expliquer la beauté de The way young lovers do par Jeff Buckley.

 

 


 



Live from the Bataclan est un E.P. Sorti en 1995 chez Columbia Records. Son achat peut être accompagné de la version raccourcie (originale) du Live at Sin'é de 1993.


La biographie évoquée plus haut est Dream Brother (2000) de David Browne disponible en français chez Denoël.

 

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